Maternité, armée, égalité

Le 22 septembre 2013, nous voterons sur l’armée. Au-delà du débat actuel sur l’utilité de conserver une armée coûteuse qui date du siècle d’avant le dernier et dont l’adéquation avec les risques de conflits en Suisse est questionnable, je voudrais vous parler d’égalité.
Depuis juillet 2005, la Suisse accorde un congé maternité aux femmes. Ce droit biologique longtemps attendu est financé par les employeurs et les employé-e-s. Employé au masculin et employée au féminin. En d’autres termes, la coût lié à la «production» d’enfants en Suisse est financé par les femmes ET les hommes. Notre beau pays tient à ses citoyens et pratique le principe de solidarité, car, sauf exception, c’est encore les femmes qui deviennent mères.
Cette avancée formidable sur le plan de la maternité (et nulle du point de vue de la paternité, faut-il le souligner) respecte l’article 8 alinéa 3 de notre Constitution: «L’homme et la femme sont égaux en droit. La loi pourvoit à l’égalité de droit et de fait, en particulier dans les domaines de la famille, de la formation et du travail.» L’égalité devant la parentalité est au moins économique : l’homme et la femme, le père et la mère, tout les deux payent pour le congé maternité.
A titre de comparaison, hors le domaine de la « production » de citoyens se pose la question de la sécurité du territoire, la défense nationale, l’armée… Je suis une fervente pro-armée. Tout pays qui se respecte doit faire respecter son droit et ses frontières. Mais là n’est pas la question monsieur Torquemada.
Tout comme dans le thème de la maternité, dans laquelle on reconnaît une différence biologique aux femmes découlant sur un droit égalitaire astreignant hommes et femmes à une obligation, la question de l’armée se base également sur une notion «biologique» de la force physique supérieure de l’homme, je suppose (lol), qui crée cette différence d’obligation entre les hommes et les femmes. Seuls les hommes sont obligés de faire l’armée. Les femmes peuvent si elles le veulent.
En effet, la loi fédérale sur l’armée et l’administration militaire, à son article 2 stipule: «Tout Suisse est astreint au service militaire.» Article 3. «Toute Suissesse peut se porter volontaire pour accomplir le service militaire… Elle a les mêmes droits et les mêmes devoirs que les militaires de sexe masculin.»
Les mêmes droits et les mêmes devoirs. Notre bel article 8 est respecté, in fine. Mais qu’en est-il dans le cas où le jeune homme ou la jeune femme ne peut pas, pour des raisons valables – ou ne veut pas, faire l’armée ?
Et bien la Suisse a inventé la «taxe d’exemption» au service militaire. Celui qui ne fait pas l’armée, car handicapé, anti-militariste, blessé au dos ou juste en surnombre (voir les justes réductions drastiques du nombre de militaires votées par nos politiques), et bien celui-là même paye.
Votre fils ne fait pas l’armée? Il paye.
Enfin, vous, parents, payez, tant que votre chérubin loge à la maison…
Et votre fille ? Elle ne fait pas l’armée? Et bien elle ne paye pas.
Enfin, vous, parents, ne payez pas, jamais…
La «production» de bébés est supportée financièrement par les hommes et les femmes suisses. La défense nationale oblige – et ne pénalise financièrement – que les hommes suisses.
Maternité, armée, égalité ? Non ! Au-delà de la judicieuse question qui nous sera posée le 22 septembre, et quelle que soit la décision du peuple et des cantons, il est temps de penser notre défense d’un point de vue national, et non masculin! Notre pays a besoin de personnes suisses pour en faire une nation, et notre pays a besoin d’un système de défense efficace, basé, à mon avis, sur un trépied fort: défense cybernétique, défense militaire et protection civile. Dans chacun de ces domaines, notre défense nationale a besoin d’hommes ET de femmes engagées, motivées, partenaires.
Arrêtons de taxer nos fils! C’est anti-démocratique ! Impliquons nos enfants, filles et garçons, pour la patrie !  Et sur nos monts, quand le soleil…
http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19950010/index.html

Partagez cet article