ETRE OU AVOIR, THAT IS THE QUESTION ?

L’une des leçons élémentaires que j’enseignerais à l’école si j’en avais le loisir serait de sortir de la négation de l’être.
Prenons un exemple concret. Votre meilleur ami vous dit : « je suis malheureux ». Il fait un constat négatif bien qu’utilisant l’affirmatif. Il est : « quelque chose ».  Ce constat a lieu sur son être, et son être est dans un état négatif.
Comment l’aider ? En lui demandant ce qui le rend malheureux ? « Je suis malheureux parce que ma femme m’a quitté ». Franchement, devant ça, vous voulez dire quoi ? A part vous reprocher d’avoir posé la question, vous voilà embarqué dans un long fleuve pas très tranquille de plein d’explications sur la raison, les regrets, les explications, les pleurs, les aveux et plus si affinités.
Non, l’aider vraiment c’est l’aider à changer de statut. Qu’il s’éloigne de cet état « malheureux » pour se diriger vers l’état « heureux ». Avec ou sans sa femme.
Comment faire ? En évitant de rentrer dans le contenu, vous pouvez passer de l’être à l’avoir. Dire à votre ami de remplacer : « je suis malheureux » par « j’ai le cœur malheureux ». Dans le premier cas, on ne peut pas changer l’être. L’être est, et c’est tout. Il est grand, il est blanc, il est homme, il est 20 heures docteur Bonheur… C’est ou cela n’est pas, comme disait l’autre avec son crâne en main.
Devant l’être malheureux de votre ami, vous pouvez approfondir et expliciter le malheur, ce qui risque d’être long et sans garantie de résultat. Vous pouvez devenir malheureux aussi, ce que certains appellent l’empathie ou la compassion. En passant, je ne vois pas comment on peut aider un gars qui se noie en sautant avec lui dans l’eau et en se noyant de même. Pour moi, il vaut mieux rester lucide et sortir le bonhomme de l’eau. Se noyer avec le noyé n’empêche pas le noyé de se noyer… Vous suivez ?
Alors qu’avec ma proposition de remplacer être par avoir, vous donnez la possibilité à l’être de rester ce qu’il est et de changer un état de l’être. Votre ami peut changer. Comme avec toute chose que l’on possède, on peut s’en débarrasser, le perdre, l’oublier, le jeter, le donner etc. « Avoir le malheur au cœur » c’est comme avoir un verre à la main, on peut le poser. On peut poser son malheur, on peut le mettre à la poubelle, on peut le laisser dans le jardin, on peut aussi le donner au vent. On peut partager. Votre ami peut vous donner un bout de son malheur, qui pour vous ne représentera rien de spécial, ce n’est pas votre femme qui est partie ! Mais pour lui cela allègera certainement son fardeau !
Remplacer l’être par l’avoir est une étape clé pour ce qui nous embarrasse ou nous encombre. « Je suis malheureux » doit impérativement se remplacer par « j’ai un malheur ». Et le lendemain, parce qu’il fait beau ou que je croise la nouvelle voisine d’en face qui est très sympathique, je n’ai plus le malheur mais le sourire aux lèvres.
Prenez un autre exemple. Combien de femmes se répètent inlassablement : « je suis moche ». Que celle qui se dit être moche transforme cette affirmation et en fasse un attribut du style « j’ai un grand nez » ! Du coup, la Miss, elle n’est plus moche, elle a un grand nez. Vous conviendrez que cela n’a pas le même impact sur le moral ! D’autant plus que je connais des gens qui adorent les grands nez !
Vous constaterez que ce qui est valable pour un élément négatif l’est aussi pour un positif. Dire « Je suis heureux » peut aussi se remplacer par « j’ai un grand bonheur ». Du coup, on peut le perdre aussi.
C’est ce qui est fascinant avec ce tout petit changement de verbe, c’est que l’apprentissage n’est pas celui du bonheur mais bien celui de l’impermanence des choses. Un jour avec du bonheur, un autre avec un malheur. Je suis et j’accepte. Même si ma femme part ou que j’ai un grand nez, je suis.
N’est-ce pas Siddharta ?
 
A lire aussi sur ProjecteurTV
http://projecteurtv.com/psycho/etre-ou-avoir-that-is-the-question-par-notre-coach-jill-skezely

Partagez cet article