Ces chiffres qui nous gouvernent…

Bip bip bip. Vous ouvrez les yeux, 6h25 affiche votre réveil. Encore 5 minutes avant de vous lever. Vous allumez la radio FM, 101.1, pour écouter les nouvelles. Vous montez sur la balance, à 100 grammes près, c’est comme hier. On est le 30 du mois, demain c’est le suivant… Sur la route, votre compteur indique 60 km/h. Après 20 minutes de trajet, vous arrivez à 8h30. Vos objectifs sont sur votre bureau + 5 %. Vous regardez votre agenda, les cases sont remplies, de 9h à 10h, meeting. Ensuite, à 11h, téléphoner à M. Durand. A 12h30, vous allez manger dans le bistrot du coin, « Le 7 », le menu y est affiché à 15 euros le plat du jour avec dessert. Vous prenez 3 dl de vin rouge. 2 sucres dans votre café. Le soir, vous chaussez vos baskets à 230 euros et allez courir, avec votre sangle autour du thorax reliée à votre montre digitale, faire vos 9 kilomètres. Vous suivez votre rythme cardiaque, le nombre de vos pas, il vous en faut 10’000… Pour vous endormir, après avoir pris les trois pilules que votre médecin vous a prescrites, vous comptez les moutons.

Les chiffres sont partout. Vous ne pouvez pas vivre sans eux. Pour le plus grand soulagement – ou plaisir – de votre mental rationnel. 2 plus 2 font 4. Et 4 est plus grand que 3.

Oui mais. Les chiffres provoquent des conséquences néfastes pour l’humain et la nature : tout d’abord, le chiffre incite à la comparaison. « J’ai une voiture – un QI – un terrain – un score – plus puissante, plus grosse, plus chère, que celle de mon voisin ». Ensuite, les chiffres poussent à mesurer, provoquant immanquablement une frustration du « plus » ou du « moins ». J’aimerais gagner 500 euros de plus, j’aimerais peser 3 kilos de moins. D’autre part, les chiffres limitent. On ne peut pas rouler plus vite que 130 km/h, on doit manger 5 fruits et légumes par jour, on ne doit pas dépasser la dose prescrite, renvoyer le formulaire avant le 20… Comparer, mesurer, frustrer, limiter sont quelques actions collatérales de « compter ».

Asseyez-vous un instant. Confortablement. Les yeux clos. Imaginez que vous êtes assis sur un banc, dans un jardin, une fontaine se trouve à côté de vous. Vous entendez le son de l’eau qui coule. Vous sentez la fraicheur du bassin. Vous voyez des fleurs, des oiseaux, des arbres. Vous goutez à cette eau claire qui vous désaltère. Vous vous sentez bien.

Vous pouvez faire de même en vivant un lever de soleil au bord de la mer. Ou une promenade sur un chemin dans une merveilleuse forêt. Ou encore être assis sur un rocher en haut d’une montagne pour admirer les cimes.

Il est un monde immense bien plus vaste que celui des chiffres. Un monde dans lequel les sens sont la mesure de notre bien-être. Un monde qui est rempli de valeurs, comme la beauté, la bienveillance, la gentillesse, l’amitié, l’humilité, valeurs qui ne se décomptent pas. Valeurs qui se vivent dans l’intimité et l’authenticité de soi, avec les autres comme alter ego de cette humanité. Dans ce monde de sens, la lumière, la chaleur, le bonheur sont les compagnons de chaque instant. « Quand on aime on ne compte pas » chuchote le dicton familier. L’amour ne se compte pas. L’amour se donne, se reçoit, se partage, sans mesure.

Vous rêvez de voyage ? de bien-être ? de sérénité ? de paix ? d’amour ? C’est si simple, il suffit de fermer les yeux.

En plus, cela ne coûte rien et ne fait pas de mal à notre environnement.

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