Les émotions, c’est comme le tuyau d’arrosage, ça surprend parfois.

Imaginez que vous tenez un tuyau d’arrosage dans les mains. L’eau se met à jaillir. Outre vous en mettre plein les pieds, il y a plusieurs possibilités.

Vous êtes dans le jardin, et l’eau va arroser le gazon ou les plantes, et rentrer assez vite dans la terre faire son merveilleux travail de transformation.

Ou bien vous êtes sur la terrasse, et l’eau va chercher l’endroit où elle peut s’écouler, une grille, un trou, une faille. L’eau va descendre vers le point où elle peut s’échapper dans les profondeurs, sans aucun bénéfice visible pour les plantes présentes.

La troisième option est que cette eau ne trouve pas d’issue, et qu’elle reste bloquée, comme une flaque, qui lentement mais sûrement va stagner, puis éventuellement pourrir, pour devenir un nid à moustiques ou autres insectes plus ou moins agréables.

Il en est de même pour nos émotions.

L’émotion surgit à un moment donné et nous réagissons de différentes façons, façons qui ont des conséquences différentes. La première manière de réagir est d’être ouvert, fertile, et de laisser l’émotion s’exprimer en arrosant tous les brins d’herbe de son jardin intérieur. L’émotion est comme une énergie, un rayon de soleil, une pluie, qui se répartit et se fait absorber facilement. Je ressens de la joie, je souris et rayonne autour de moi cette émotion. Je ressens de la colère, énergie forte qui doucement se dissipe dans l’air environnant.

Dans le deuxième cas, quand on a construit des murs ou des parois très solides, l’émotion va s’échapper et trouver un exutoire pour s’exprimer ailleurs, autrement. Un homme qui ressent de la tristesse mais qui n’a jamais eu l’autorisation, enfant, de pleurer, va se mettre à hurler, comme s’il était en colère. Une femme qui ressent de la fierté, mais qui n’ose pas l’exprimer, va éventuellement dire des choses négatives afin d’exprimer l’émotion, mais autrement.

Dans la troisième situation, l’émotion est ignorée, pour diverses raisons, soit que la personne soit tellement rationnelle qu’elle n’ait pas conscience de ses émotions, soit qu’elle ne se le permette pas. Les émotions, dans ce cas-là, que ce soit la joie, la tristesse, la peur, la colère ou toute autre, vont rester quelque part, s’accumuler, jusqu’à parfois faire exploser la personne, trop pleine d’émotions non exprimées.

Le mécanisme des émotions se développe en trois temps : il y a un déclencheur qui provoque une émotion, cette émotion va souvent immédiatement provoquer une seconde émotion et finalement, il y aura l’expression de l’émotion.

Par exemple, une personne apprend une triste nouvelle (le déclencheur), elle sent la tristesse (première émotion) et a envie de pleurer, mais a honte (deuxième émotion) de pleurer devant les autres, donc va soit refouler ses larmes, soit rire, soit « faire comme si de rien n’était ». Ces trois manières d’exprimer une émotion dépendent de chacun.e, de son histoire, de ses mécanismes de protection etc.

Toujours est-il que ces 3 étapes, le déclencheur, l’émotion (ou les émotions) et l’expression de l’émotion, sont un processus que tout un chacun.e peut identifier pour pouvoir le transformer le cas échéant. Ce qui est certain c’est qu’on ne peut ni s’empêcher de ressentir des émotions, ni les cacher trop longtemps. On peut s’améliorer en acceptant l’émotion, en la reconnaissant, en la nommant, puis en agissant sur la manière dont on veut l’exprimer.

Un automobiliste sur la route se met en colère en raison des motos qui roulent sur la piste cyclable et crie des insultes. Il ne peut pas empêcher sa colère, mais il peut remplacer les insultes par autre chose, comme d’autres mots ou une chanson, ou de la compassion.

Les émotions sont nos amies, ce sont les seuls éléments absolument vrais qui concernent une personne donnée, alors prenons soin de ces trésors et vivons-les au mieux de notre être. L’apprentissage de soi est un merveilleux voyage, bonne route !

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